Rapailler nos territoires. Plaidoyer pour une nouvelle ruralité

17 juillet 2025 | Pierre Avignon

Stéphane Gendron, Rapailler nos territoires. Plaidoyer pour une nouvelle ruralité, Écosociété, 2022, 144 p.

L'auteur de Rapailler nos territoires. Plaidoyer pour une nouvelle ruralité est un personnage surprenant. Ex-maire de la petite municipalité de Huntington, Stéphane Gendron fut un temps polémiste populiste, un « homme en colère » comme il se décrit, qui n'avait pas fait parler de lui pour les bonnes raisons. Rien à voir avec le contenu de cet essai publié chez Écosociété dans lequel il offre une analyse percutante de la situation actuelle des régions rurales au Québec.

Reconnaissant que notre modèle de développement a atteint ses limites, Gendron affirme qu'il est nécessaire de repenser la ruralité en intégrant les enjeux environnementaux et en favorisant la mixité sociale, la renaissance de la paysannerie et les nouvelles technologies. Son constat sur l'état du monde rural, qu'il connait et documente très bien, est sans appel : un changement de cap est nécessaire.

Il rappelle ainsi que si l'on souhaite une occupation dynamique du territoire québécois, il est nécessaire de renverser la tendance à la baisse du nombre de fermes plutôt que d'encourager des mégaexploitations visant les marchés extérieurs. En plus de devoir faire face à cette déstructuration, le monde agricole devra également s'adapter aux changements climatiques et au manque de main-d'œuvre. Si l'auteur semble prendre le pari (risqué ?) des nouvelles technologies, il insiste également sur l'importance de prendre conscience de l'inévitable évolution de la population. Entre néoruraux (favorisés par le télétravail) et travailleurs étrangers, la mixité ne serait plus seulement un sujet urbain. L'auteur rappelle en effet que le tiers de la main-d'œuvre agricole du Québec est constitué de travailleurs étrangers qui sont passés de 7800 en 2014 à 17 000 en 2019.

Outre sa sensibilité particulière pour le monde agricole, Stéphane Gendron lance un pavé dans la mare de la démocratie municipale en région en appelant à une nouvelle vague de fusions. En plus du faible taux de participation aux élections, l'auteur pointe du doigt plusieurs problèmes, notamment en ce qui concerne les 711 municipalités (sur 11 107) qui comptent moins de 2000 habitant·es. Il qualifie ces dernières de « micro-entités » qui manquent à la fois de légitimité et de ressources pour pouvoir faire face aux défis à relever. L'auteur insiste donc sur la nécessité de réformer la gouvernance, mais également le financement des collectivités municipales, principalement basé sur l'impôt foncier, ce qui perpétue les inégalités entre les régions riches et pauvres.

Gendron met en lumière un élément trop souvent mis de côté, soit le besoin de repenser le rôle des municipalités rurales en les encourageant à devenir des acteurs politiques capables de mobiliser leur communauté par la participation citoyenne. Rapailler nos territoires est un essai ambitieux et bien documenté qui incite à réfléchir sur l'avenir des régions rurales du Québec. Ce livre est donc une lecture plus que conseillée pour toustes ceux et celles qui s'intéressent à ces enjeux cruciaux.

 Site référencé:  À babord !

À babord ! 

Sommaire du numéro 97
14/07/2025
L'après-Facebook des médias d'info
13/07/2025
Droit au logement : « Nous sommes au début d'une très longue lutte »
13/07/2025