Coiffeurs, pâtissiers, mécaniciens : 200 jeunes affectés par les conflits réinsérés grâce à la (…)

22 août 2025
Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO)
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« Grâce à cette formation, j’ai pu ouvrir un salon de coiffure avec d’autres jeunes. Nous travaillons ensemble et nous partageons les revenus. Aujourd’hui, je peux contribuer aux besoins de ma famille ». Patrick* est un ex-enfant soldat qui travaille actuellement comme coiffeur à Munigi. Il fait partie des deux cents jeunes affectés par le conflit armé qui ont bénéficié du projet initié par la MONUSCO, en partenariat avec l’ONG Programme d’appui à la lutte contre la misère (PAMI) pour prévenir les violences communautaires par la réinsertion des jeunes dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu.

Lancé officiellement en juillet 2024 pour une durée initiale de six mois (prolongée en raison de défis sécuritaires), le projet a été financé à hauteur de 96 443 dollars américains par la MONUSCO. Une participation locale d’environ 15 000 dollars a également été mobilisée. Le projet a permis de former ces jeunes en coiffure, mécanique, pâtisserie et art culinaire, tressage, tissage de paniers, pendant trois mois. C’est grâce à ces formations que Patrick et ses camarades peuvent aujourd’hui accueillir des clients dans leur salon de coiffure.

Après leur formation, les jeunes ont reçu de quoi lancer immédiatement des activités génératrices de revenus. Ils ont été regroupés en unités de production ou en associations économiques villageoises (AVEC) pour faciliter leur autonomisation et l’entraide. Le projet comprend également un accompagnement psycho-social et une sensibilisation communautaire.

«Qui premier vient au moulin…»

Le 19 août 2025, un des volets les plus visibles du projet a été inauguré à Buhima, un village du groupement de Munigi : le premier moulin à grain communautaire. Il fonctionne à l’électricité et permet désormais à la population locale de moudre du maïs ou du manioc sans devoir parcourir de longues distances, comme c’était le cas auparavant. « Je suis ravie car avant je devais marcher plus de 4 kilomètres pour aller moudre mes grains. Aujourd’hui, le moulin est situé dans mon voisinage immédiat et cela me soulage physiquement », explique Florida Soki, habitante du village. Outre son utilité alimentaire immédiate, ce moulin a également favorisé l’accès à l’électricité dans le quartier environnant. Ce qui a encouragé plusieurs familles à commencer à construire ou à améliorer leurs habitations.

Moins de tensions communautaires

Au-delà de l’impact économique, le projet a produit des effets positifs sur la cohésion sociale dans cette zone jadis en proie à des tensions communautaires. Avant le lancement du projet, les tensions entre communautés, notamment entre les localités de Buvira et de Munigi, étaient fréquentes. Aujourd’hui, grâce aux activités agricoles menées en commun, des ponts se sont créés entre les populations. « Ce projet a permis un rapprochement entre les communautés. Désormais, des parents de différentes origines communautaires cultivent ensemble. C’est une vraie avancée vers la paix », affirme Clément Bavukahe Ntaboba, coordonnateur national de l’ONG PAMI.

Des séances de sensibilisation menées par la MONUSCO et l’UNICEF ont également favorisé la démobilisation de plusieurs enfants associés aux groupes armés. Ces derniers, après avoir été réunifiés avec leurs familles grâce au programme DDR-S de la MONUSCO, ont pu bénéficier d’un accompagnement spécifique : scolarisation, suivi psycho-social et intégration dans des filières de formation.

Dimension éducative

Le projet ne s’est pas limité aux activités génératrices de revenus. Il a également permis la scolarisation de 50 enfants réinsérés dans cinq écoles du territoire de Nyiragongo. En parallèle, 50 parents ont été formés à la gestion d’activités génératrices de revenu et ont reçu un soutien pour lancer leurs propres activités économiques. Ce mécanisme assure la continuité de la prise en charge scolaire des enfants. « Grâce au soutien de PAMI, j’ai pu relancer mon activité de tissage. Aujourd’hui, je n’éprouve pas de difficultés pour acheter les fournitures scolaires dont mon enfant a besoin », explique une mère bénéficiaire du projet.

Le projet a aussi permis de redonner espoir à de nombreuses filles victimes de violences sexuelles ou issues de groupes armés. En participant aux formations, elles ont gagné en autonomie et en estime de soi. « Avant, je passais mes journées dans l’oisiveté. Aujourd’hui, grâce à la formation en pâtisserie, je gagne de l’argent et je suis respectée dans ma communauté », témoigne Divine*, une jeune bénéficiaire. Dans la filière pâtisserie, par exemple, plus de 40 jeunes filles ont appris à préparer beignets, crêpes, gâteaux et autres produits. Grâce au kit fourni par le projet, elles vendent aujourd’hui leurs produits sur les marchés locaux.

Une réinsertion durable

Pour assurer la continuité du projet au-delà de son financement, PAMI a mis en place des comités de gestion locale. Chaque unité de production dispose d’une structure organisée (président, trésorier, conseiller) et des mécanismes de maintenance ont été instaurés, notamment pour le moulin. La communauté participe financièrement à son entretien, assurant ainsi sa durabilité. « Les bénéficiaires s’autogèrent déjà. Nous avons voulu leur apprendre à voler de leurs propres ailes. Ils sont désormais capables de poursuivre leurs activités sans dépendre d’une aide extérieure », explique Clément Bavukahe.

Face à l’enthousiasme général et à l’impact positif déjà observé dans les zones ciblées, les responsables de l’ONG PAMI appellent à l’élargissement du projet à d’autres localités du territoire de Nyiragongo. « Nous avons limité notre intervention à 200 bénéficiaires, faute de moyens. Cependant, les besoins sont immenses. Des centaines d’autres jeunes attendent une opportunité. C’est pourquoi nous appelons la MONUSCO et d’autres partenaires à renforcer leur appui », conclut M. Bavukahe.

Depuis plus d’une décennie, le territoire de Nyiragongo fait face à une instabilité chronique due à la présence de groupes armés. Des milliers de familles ont été déplacées et de nombreux enfants enrôlés de force dans des groupes armés. Entre 2024 et 2025, la recrudescence des combats liée à la résurgence du mouvement rebelle M23 a accentué la vulnérabilité de la population locale, en particulier celle des enfants et des jeunes.

*Patrick et Divine sont des prénoms d’emprunt.

Distribué par APO Group pour Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUSCO).

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